IV. VISITE SUR PLACE
Deux possibilités s'offraient pour cette visite: un survol rapide de toute la zone où une promenade plus localisée. Mon choix s'est porté sur la seconde.
Remontant l'Eau noire au travers du défilé qu'elle a creusé lors de sa progression vers le nord avant de s'orienter vers l'est et COUVIN, j'ai apprécié les beaux alignements de sapins le long de la Nationale 589 et le murmure joyeux de la rivière qui serpente en contrebas.
Laissant RIEZES à droite, la route enjambe l'eau noire et progresse avec elle vers le sud-ouest. La frontière est maintenant toute proche : c'est la rivière elle-même, à 50 m.
La rive française et boisée. Entre la rive belge et la route, s'étendent des prairies humides, parfois un bocage avec étang.
La route s'oriente maintenant à l'est au lieu-dit "Au chasseur". Des bois de sapins bordent la route au nord ou le défrichement se poursuit. Une végétation de buissons et d'arbustes occupe le terrain défriché : les genêts fleuris y sont d'un jaune éblouissant en mai.
Nous sommes à L'ESCAILLERE, au point culminant du Hainaut,qui en est aussi le point le plus méridional.
Entrons en Province de Namur,sur un territoire qui faisait partie de la Principauté de Liège : là, un carrefour. La route, à droite,donne accès en France, au-delà du pont. A gauche, elle remonte vers CUL-DES-SARTS.
A défaut de pouvoir localiser la "Borne des trois empires", mentionnée par la carte IGN au 1/ 50 000e, et qui est dissimulée le long de la rivière dans les hautes herbes, je photographie dans un jardin, la borne numéro treize.
Un peu plus loin, la frontière s'écarte de l'Eau noire. Sur le plateau, elle prend une direction nord-est et est rectiligne sur 1500 metres. Une route,tout aussi rectiligne, la longe sur plus d'un kilomètre,coté belge : la Rue des différends rappelle par là, sans doute, que cette frontière est le résultat d'une négociation diplomatique.
Du côté français de la frontière, les forts(le fort vert et le fort rouge) de la ligne Maginot sont visibles : le premier est aussi un point géodésique, à 364 m d'altitude.
Par rapport à L'ESCAILLERE, la différence d'altitude de 1 m est négligeable, même si les bases de mesure, françaises et belges, sont légèrement différentes.
Nous sommes bien sur le même haut plateau, de part et d'autre de la frontière : le Plateau de ROCROI. La frontière n'est matérialisée par aucun obstacle naturel significatif pour un promeneur.
Mais la ville de ROCROI est spécifique . Ont peut même dire qu'on y respire un air différent bien que les différences soient imperceptibles : un café plus fort dans une tasse plus petite? une nonchalance plus méridionale?
ROCROI a toujours fait partie du Royaume de France : ses armoiries portent des fleurs de lys. Au 13e siècle, son seigneur suivit Saint Louis dans la 7e croisade.
En 1555, une force espagnole,commandée par Guillaume d'Orange, pour le compte de Charles-Quint, y fut repoussée et les premiers remparts édifiés. Vauban y exerça son art après la célèbre bataille de 1643. La ville n'est en réalité qu'une fortification, comme le montre son plan en étoile.