Qui nhon

QUI NHON

Les Chams. 


Le royaume du Champa dura du IIe au XVIe siècle et s'étendit de Hué au Mékong.  En bordure des pays sous tutelle chinoise, au sud du 18e parallèle, cohabitaient divers groupes malayo-polynésiens (en plusieurs entités ou régions autonomes).  Le premier roi connu fut Sri Mara, au IIIe siècle.  Face à la menace chinoise, plusieurs de ces régions s'unifièrent pour y faire face.  C'était des peuples de marins, de pêcheurs et de pirates.  Au IVe siècle apparut le terme Champa pour désigner cette longue région échappant à l'hégémonie chinoise.


Son véritable unificateur fut le roi Bhadravarman Ier en l'an 400.  Au \/e siècle, la capitale cham s'installa à Simhapura (Trà Kièu), au sud-ouest de Dà Nang.  Au VIIIe siècle, elle déménagea à Po Nagar (Nha Trang), pour revenir un siècle après à Indrapura, à une soixantaine de kilomètres de Dà Nâng.  Durant 200 ans, cette nouvelle capitale brilla d'un grand éclat (construction d'un grand monastère).  Depuis le VIIIe siècle, d'ailleurs, après avoir embrassé l'hindouisme, le Champa était devenu bouddhique.  Au Xle siècle, la capitale fut définitivement transférée à Vijaya, au sud (près de Qui Nhon).  Du IVe au Xllle siècle se développa en même temps la splendeur de My Son, le principal centre religieux cham.  Pendant toute cette période, le royaume cham eut peu de choses à craindre de la part du royaume viet au nord, lui-même préoccupé de se défendre contre l'expansionnisme chinois.  Face aux attaques du royaume khmer d'Angkor, le Champa résista également bien (à part une courte occupation au début du XIIIe siècle).  L'âge d'or du Champa se situa au XIe siècle.  Le pays était riche.  Beaucoup d'or et de minerais.  Il se couvrit de temples et sanctuaires.


Ce n'est qu'en 1471 que le roi viet Lê Thài To arriva à vaincre les troupes chams.  Le royaume fut d'abord divisé en 4 régions.  Il disparut définitivement au XVIe siècle, suite aux attaques conjuguées des Viets et des Khmers.  Le royaume cham ne se réduisit plus alors qu'à une poignée de villages perdus au fin fond du pays.  Le dernier roi cham mourut en 1697 dans une prison à Hué.Au XIXe siècle, il subsistait encore une petite principauté cham vassalisée, mais l'empereur Minh Mang y mit un terme.  Aujourd'hui, il reste moins de 100 000 Chams, circonscrits dans la région de Phan Thiét et Phan Rang au sud. À noter qu'ils parlent encore leur langue et conservent une grande partie de leurs coutumes et mode de vie ancestraux.

On connaît beaucoup moins de choses sur la société cham que sur celle des Viets.  Elle était inspirée de la société indienne et il existait un système de castes.  Le calendrier était hindou.  Monarchie de droit absolu, le roi (réincarnation de Çiva) possédait toutes les terres du pays.  Elles étaient redistribuées aux fonctionnaires royaux.  Comme ils ne percevaient pas de traitement, les paysans travaillant sur ces terres leur garantissaient un fermage.  Des terres étaient également données aux temples et aux prêtres, à qui les paysans livraient une partie de la récolte.  Le roi vivait dans un faste inouï et possédait un immense harem.  Marco Polo, en voyage dans la région en 1285, nota " qu'aucune jeune fille du royaume n'avait l'autorisation de se marier avant que le roi ne l'ait vue.Les temples menaient aussi grand train de vie.

Quant à l'art cham..., sans atteindre la magnificence et le monumental de celui des Khmers, ni de Borobodur ou Pagan, il présente cependant une grâce, une élégance, une poésie en tout point séduisantes.  Sanctuaires plus discrets, plus ramassés.  On ne trouve pas de monuments antérieurs au VIIIe siècle car ils étaient construits en bois et disparurent dans les tourmentes.  L'art cham fut, bien sûr, fortement influencé par l'art indien.  On y retrouve une tour carrée à plusieurs étages, appelée kalan, ressemblant à la sikhara indienne.  Consacrée aussi au lingayoni.  Le katan symbolisait le centre de l'univers et son toit, lemont Méru, domicile des dieux.

Caractéristiques principales : une seule porte vers l'est (symbole du début du mouvement universel) et précédée d'un porche de forme ogivale.  Sur les 3 autres côtés, des fausses portes imitant la 4e.  En hauteur, le kalan se compose de 3 parties : le bhurioka (les fondations) qui représente le monde terrestre, le bhurvaloka (le corps de la tour), le monde spirituel, et en haut, le svarloka, le monde sacré.  Entièrement construite en brique avec de rares éléments de grès ou de granit (principalement les piliers, linteaux et pierres angulaires).  Les briques étaient peu cuites, de façon à pouvoir être travaillées et sculptées.  La technique utilisée pour les assembler reste un mystère.  Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses.  Parmi les plus répandues : les Chams employaient un liant composé de substances végétales et animales.  Autre supposition : les murs auraient été construits en briques crues et l'ensemble aurait été cuit par la suite.  Les sculpteurs n'entraient en action qu'à la fin de la construction.  Oeuvres souvent superbes, foisonnantes, utilisant largement des motifs végétaux, fleurs, animaux, etc.